Surf : Pourquoi les vagues artificielles à surf vont se développer dans les villes ?

Il est probable que nous arrivons au terme d’un premier chapitre de l’humanité. Il nous faut continuer d’écrire notre livre mais avec de nouveaux outils, une autre manière de penser et considérer l’écologie comme un enjeu majeur de solidarité. Créer et installer une vague artificielle à surf en pleine ville fait sens dès lors que l’on cherche à préserver l’environnement.

Quelles sont les dernières tendances ?

On observe de nouvelles temporalités dues à une augmentation du temps libre qui induit une imbrication des temps de loisirs et des temps de travail. Les pratiquants veulent faire du sport mais tout en s’amusant, en opposition aux valeurs traditionnelles du sport dit de « performance » et « d’effort ». Les adeptes de « sports et loisirs » sont de plus en plus nombreux. Les sports extrêmes se développent. Les sportifs d’aujourd’hui veulent se sentir libres de toute affiliation sportive, sont en quête de santé et d’évasion. Et outre ces désirs, ils recherchent aussi plus d’accessibilité, de sensations acrobatiques et de moments de partage entre amis. Notre bien le plus précieux ne serait-il pas notre temps, et ce depuis toujours et pour tout le monde ? Le citoyen devient ainsi de plus en plus exigeant et veut voir les lieux de pratique se rapprocher de son habitat pour limiter les trajets. Les associations sportives cèdent donc du terrain aux entreprises qui apportent aujourd’hui des réponses de mieux en mieux adaptées.

OKAHINA WAVE à Singapour – Illustration DEIS

Des contraintes grandissantes sur les pratiques et sur l’environnement

Paradoxalement, cette augmentation importante des pratiquants, qui sont souvent des défenseurs de la nature, est en contradiction avec les politiques de protection des sites naturels et les réglementations visant à les encadrer pour limiter l’impact sur le milieu d’activités consommatrices d’espace. Des sites naturels, comme les canyons ou certaines rivières ont de plus en plus de difficultés à accueillir les pratiquants dans des conditions satisfaisantes de sécurité, de confort et de respect de la nature. S’ajoutent les contraintes climatiques et les niveaux de risques de pratique en milieu naturel qui finissent par restreindre directement le développement de certaines activités de pleine nature.

OKAHINA WAVE à Chicago – Illustration DEIS

Pourquoi le surf est confronté aux mêmes contraintes ?

Contrairement aux stations de sports d’hiver, les infrastructures de glisse sont peu développées. On peut comparer la pratique du surf actuelle à celle du ski alpin avant la création des remontées mécaniques dans les années 1930. On passait plus de temps à grimper à pied ou tracté par des chevaux, que debout sur ses skis. En surf c’est la même chose, on rame bien plus longtemps que l’on ne glisse sur les vagues. S’ajoute le problème de saturation de certains spots tels que ceux de la Côte basque, engendrant des risques d’accidents, de dégradation de l’ambiance, d’exacerbation du localisme. Les surfeurs sont tentés de se déplacer sur des sites jusqu’alors préservés de l’impact de l’homme, entrainant de nouvelles dégradations du milieu par le piétinement des dunes et le dérangement de la faune. Les aléas des conditions de houle, de vent, de marée, de température, limitent la pratique. Lacanau offre en moyenne 44 jours de vagues parfaites à l’année, quand la marée est bonne, et 120 jours de vagues à surf, soit un tiers de l’année.

OKAHINA WAVE à Chicago – Illustration DEIS

L’émergence de nouveaux lieux artificiels de pratiques serait-elle une réponse à ces contraintes ?

Une poignée d’acteurs travaillent au développement de vagues dynamiques artificielles à surf, des procédés entièrement artificiels avec des bassins en béton et d’importants systèmes de filtration d’eau. Ces acteurs sont presque tous anglo-saxons, tels Murphy’s Wave, American Wave Machine, Kelly Slater Wave Cie, Surf Loch, Webber Wave Pools et les espagnols de Wavegarden. Il existe aussi un nouveau procédé français comme celui d’Okahina Wave, une vague à surf semi naturelle qui se positionne dans des lacs ou en milieu marin. Cette émergence d’infrastructures présente de nombreux avantages : un déploiement territorial aisé en se rapprochant des zones touristiques déjà existantes ou à l’inverse en se rapprochant des zones urbaines alors que la population mondiale devient de plus en plus citadine. Ca limite l’impact environnemental lié aux déplacements en voiture, le piétinement et la détérioration de zones naturelles, ça apporte une sécurité renforcée ou encore une plus grande indépendance vis à vis des aléas météorologiques.

OKAHINA WAVE dans le lac d’Annecy – Illustration DEIS

Mais pas à n’importe quel prix environnemental

Ces avantages peuvent néanmoins être contrebalancés par un coût du foncier, d’investissement des infrastructures et de maintenance élevé, mais aussi par des problématiques d’intégration paysagère d’autant plus évidentes que ces équipements occupent des espaces importants et de manière durable. Il ne faut pas non plus que ces constructions et leur exploitation, produisent trop de CO2 qui annulerait le bénéfice initial, par l’utilisation intempestive de béton, un matériau très carboné, ou des systèmes énergivores de filtration et de traitement de l’eau. Une vague semi naturelle à surf échappe à ces contraintes, mieux encore, elle participe à améliorer l’environnement et enrichir le biotope. Elle peut s’installer zone touristique pour enrichir une offre déjà existante ou en zone urbaine pour développer de nouvelles pratiques. Elle permet de répondre aux attentes d’une clientèle multiple de plus en plus nombreuse, de plus en plus sportive, de plus en plus exigeante et de plus en plus urbaine.

Associer l’énergie d’une vague à celle d’une ville fait sens, car l’énergie c’est la « Vie »

La « smart city » est un sujet d’actualité. Le paysage urbain vit une profonde révolution, à la fois technologique avec une massification du numérique et dans son mode de vie. Mais de quelles villes parle-t-on ? De villes désinvesties de l’humain, de leur urbanisme et du monde végétal comme certaines villes nouvelles qui restent désertes de citoyens. Ne vaut-il pas mieux penser la ville comme un territoire de vie pour la Nature et pour l’Homme, comme un lieu de partage et de brassage. Une ville dans laquelle une vague à surf semi naturelle trouverait naturellement sa place, d’autant plus que les plans d’eau dans les zones urbaines sont nombreux et que leur valeur foncière est proche de « zéro », puisque inconstructibles. Ils ont permis à ces villes de croitre en fournissant le granulat nécessaire à l’édification des voiries et des bâtiments. Une vague à surf installée sur ces plans d’eau apporte une énergie de vie nouvelle et complémentaire à l’énergie urbaine grouillante et souvent stressante. Quoi de mieux qu’une vague pour illustrer l’énergie de la vie ? La vague est un concentré d’énergie, une énergie apaisante qui offrira animation, rafraichissement, bien-être et agrément pour ses habitants. Elle se mettra en symbiose avec l’énergie de la jeunesse qui a besoin de lieu pour se retrouver et partager de bons moments.

OKAHINA WAVE à Hawaï – Illustration DEIS

Cependant une vague à surf, même semi naturelle, ne remplacera jamais une vraie session en plein océan avec ses forces marines et ses embruns. Et le jour où il y aura de bonnes conditions, je serai le premier à m’y rendre. Il faut voir cette vague d’un nouveau genre comme un spot de surf alternatif, favorisant l’accès à la pratique, limitant les déplacements des citoyens, préservant les sites naturelles et qui permet d’entretenir sa condition physique tout en savourant les sensations et les plaisirs de la glisse

Je serais heureux de récupérer vos avis sur ce sujet : [email protected]

Laurent HEQUILY préside la startup bordelaise Waveriding Solution qui développe OKAHINA Wave, une vague à surf écologique semi naturelle.

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