Okahina se prépare à faire déferler sa vague à l’export

 

Par Romain BÉTEILLE pour le Journal des Entreprises


Le futur atoll flottant poitevin d’Okahina Wave qui devrait ouvrir ses portes en 2025 — Illustration Deis

L’entreprise bordelaise WaveRiding Solution prépare activement le déploiement commercial de son concept de « vague de surf semi-naturelle ». Elle doit ouvrir sa première destination près du Futuroscope (Vienne) en 2025. Une vitrine pour piloter un vaste plan de développement principalement tourné vers l’export. En plein tour de table financier, elle démarre une levée de fonds en actifs numériques.

Les choses avancent pour la société bordelaise WaveRiding Solution (WRS), concepteur, fabricant et opérateur d’Okahina Wave, un concept d’atoll flottant de surf d’un nouveau genre.

Promettant d’être entièrement démontables, les atolls flottants se veulent une alternative aux piscines à vagues artificielles classiques – que la société dénonce volontiers comme « un désastre pour l’environnement » – car installables sur un plan d’eau déjà existant. La société, qui a breveté dans 46 pays une nouvelle technologie de vague artificielle de surf reposant sur un phénomène de « lift », devrait mettre en place en 2025 la première installation du genre sur le lac du Téléport à Chasseneuil-du-Poitou (Vienne), à quelques pas du Futuroscope. 

La première destination Okahina, située sur le lac du Téléport, près du Futuroscope (Vienne) comprendra aussi un restaurant, un surf shop et une « surf house »
Un plan d’expansion à l’export

Elle va y créer (moyennant 8 M€ d’investissement) un atoll de 40 mètres de diamètre pour des vagues utilisant la force centripète (revenant vers le centre), une surf house, un surf shop et un restaurant. Elle compte se servir comme de vitrine de ses premiers projets français aux montages administratifs et aux normes complexes – et dont le premier est désormais purgé de tout recours depuis mars – pour déployer un vaste plan de développement à l’international.

Sont évoqués des projets plus ou moins avancés (dont certains à l’état de discussions) en Suisse, en Espagne, au Moyen-Orient, aux États-Unis (Californie, Floride), au Brésil ou encore au Japon d’ici à 2029. En France, un second atoll de 60 à 80 mètres sur le Lac des Dagueys au nord de Libourne (Gironde) est espéré en 2026 pour un investissement « de 16 à 18 millions d’euros ». Une troisième installation suivra sur l’île de loisirs de Vaires-Torcy pour « 20 à 24 millions d’euros » supplémentaires, résume Laurent Héquily, fondateur de l’entreprise.

Okahina Paris Torcy – Illustration Deis
Un montage financier « similaire à celui de l’hôtellerie » 

La société est en plein tour de financement. Celui du projet poitevin, assure-t-elle, est sécurisé à 80 % via une filiale ad hoc, WRS Infra Futuro. Elle regroupe plusieurs co-investisseurs : WaveRiding elle-même à hauteur de 8 % (536 000 euros), la SEM patrimoniale de la Vienne pour 25 % (1,7 M€) et un family office à 45 % (3 M€). Le fonds infrastructure européen TIIC (Transport Infrastructure Investment Company) a formalisé dans une lettre son intention d’entrer au capital de la filiale « au bout de six mois d’exploitation, une fois que le projet sera mis en route et fonctionnera. Il s’est aussi engagé à cofinancer 75 % des deux projets suivants », précise le dirigeant.

C’est la part de financement qu’affirme avoir sécurisé WaveRiding Solution pour son premier projet Okahina Futuroscope (Vienne).

« Nous créerons une filiale ad hoc chargée de l’infrastructure pour chaque projet, WRS se chargeant de leur exploitation. C’est un montage similaire à celui de l’hôtellerie, les propriétaires des murs étant différents des exploitants », poursuit Laurent Héquily.

Financer une installation physique en actifs numériques Reste à WRS à financer les 20 % restants. À cette fin, elle a récemment démarré une levée de fonds publique via la fintech parisienne Kriptown. Elle permet aux souscripteurs d’acheter des actifs numériques ou tokens OKAH (pour Okahina), qui seront ensuite côtés sur un marché secondaire basé sur le cours de l’euro. L’entreprise vise une levée entre 500 000 euros et 1,5 million d’euros dans le courant de l’été. La néoassurance en ligne rennaise Leocare, qui avait choisi cette méthode, « a multiplié le cours de son token par 20 », glisse Laurent Héquily, espérant faire de même pour WRS. Cette levée promet aussi des contreparties, comme la privatisation d’un site Okahina ou une carte « à vie pour surfer à volonté » sur tous les futurs sites exploités en propre. WaveRiding prévoit de faire travailler une quarantaine de personnes à Poitiers, 70 à Libourne et 90 à 100 en Île-de-France. Elle table sur un chiffre d’affaires prévisionnel de 256 millions d’euros en 2029.