Enquête wave pool, wave cool? 2/4

Le journaliste Marc-Antoine GUET du magazine Surf Session a réalisé une enquête longue et complète sur le phénomène émergeant des piscines à surf. Il évoque également l’alternative Okahina Wave, un atoll flottant qui permet de créer la 1ère vague de surf écologique.

Lien vers l’épisode 1/4

EXTRAITS

« QUID DE L’ENVIRONNEMENT DANS TOUT CELA ? »

Telle est la question posée par Marc-Antoine GUET.

Surf Session……Car c’est bien ça le plus important aujourd’hui. Avant de penser à gagner des médailles ou au business, il faudrait peut-être se recentrer sur l’essentiel, notre planète : « À une époque où l’eau se fait rare, on est en droit de se demander l’intérêt d’un tel développement. La bétonisation et l’artificialisation de certaines terres agricoles ainsi que les ressources en énergies nécessaires pour les faire fonctionner, et ce dans un contexte d’urgence climatique, apparaissent comme des non-sens dans la bonne marche du monde ». Les mots viennent de Damien Castera, surfeur, aventurier et membre de la Société des Explorateurs Français.

Et la problématique mérite en effet qu’on s’y attarde. Le bétonnage excessif de zones naturelles, l’imperméabilisation des sols sur plusieurs hectares, les coupes rases de forêts, la destruction de terres agricoles, les pompages des ressources hydriques pour alimenter ces bassins artificiels bétonnés (qui plus est avec le réseau public d’eau potable) et les grandes consommations d’énergies sont difficilement acceptables pour les opposants écologistes. C’est ce que nous précise Steven Lebel, surfeur, technicien forestier de formation et fondateur de Synapse Crew Europe, une association bretonne de surfeurs qui milite pour la protection de l’environnement –

« Nous avons construit notre travail sur l’argumentaire entre le surf, l’écologie, la solidarité associative et les solutions alternatives. Il faut créer un dialogue avec les porteurs de projets et les élus pour comprendre les problématiques. Nous sommes des surfeurs d’océan et non de piscines à vagues, notre amour pour la mer et la nature passe en priorité. Ce qui est clair, c’est qu’on ne troquera jamais l’environnement pour le sport. La préservation de la nature passera toujours avant.

II y a le problème des terres agricoles, du béton, mais aussi de l’eau potable pour remplir le bassin sportif avec comme origine les nappes alluviales de la Loire. Alors qu’en pleine période de sécheresse, le débit du fleuve passe de 400 m3 par seconde à 90 m3 par seconde, et que la planète se consume sous les flammes par manque d’eau, ça fait réfléchir. Il est évident que les terres agricoles doivent rester ainsi, comme des terres forestières. On ne comprend pas le principe d’aller couper des arbres comme ils veulent le faire à Castets par exemple. Il aurait dû y avoir, en amont, une compensation de reboisement d’au moins 200 hectares minimum. Sans parler du béton dans les sols. Notre futur dépend des décisions prisent aujourd’hui. Tous les projets doivent être entrepris avec une vision des conséquences à moyens et longs termes. de nos actes. Avec les données dont nous disposons aujourd’hui sur l’environnement, on ne peut pas se permettre ce genre de projets ».

Surf Session – Et justement, concernant ces données, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles sont inquiétantes. La piscine à vagues de Castets par exemple, devrait consommer un minimum de 230 millions de litres d’eau potable par an. C’est l’équivalent de la consommation en eau potable de 1900 familles, soit plus de trois fois le nombre d’habitants de la commune de Castets. Mais pour les écologistes, il y a un autre problème….

Surf Session fait référence à une conférence donnée à Bordeaux par le Comité Scientifique Régional sur les enjeux de l’eau en Nouvelle-Aquitaine et qui tire à son tour le signal d’alarme. Sur la disponibilité de l’eau, les scientifiques s’accordent à dire que les résultats des expertises hydro-climatiques « convergent vers le diagnostic d’une tension sur la disponibilité des eaux superficielles et des eaux souterraines dans la région Nouvelle-Aquitaine sous l’impact de l’élévation des températures (air et eau), d’une fréquence croissante d’événements, d’une variation incertaine de la pluviométrie annuelle et d’une augmentation globale de l’évapotranspira­tion ».

…. Pour faire simple, la situation n’est pas au mieux et nous manquons d’eau! Avant de préciser que « des conséquences importantes sont à anticiper sur la satisfaction des usages … ». En d’autres termes, l’accès à l’eau potable pour tous risque de devenir problématique. Quant à l’humidité des sols, les scientifiques alertent sur une « diminution de l’humidité de ces derniers tout au long de l’année» avant d’ajouter que « les records secs d’aujourd’hui seraient les humidités moyennes à la fin du siècle pour les scénarios les plus pessimistes». Et de conclure en rappelant que le « débit moyen annuel des grands cours d’eau sera en nette baisse à la fin du siècle ». De quoi faire réfléchir…..

La suite demain dans l’épisode 3/4

Lien vers l’épisode 1/4

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